Iode : un remède occulté (2/3)

« Il existe deux facteurs de risques environnementaux avérés du cancer de la thyroïde : les radiations ionisantes et la carence en iode » »
Centre de Lutte Contre le Cancer Léon Bérard

Description

L’iode appartient au groupe des minéraux « halogènes », ce groupe inclut d’autres éléments connus comme le fluor, le chlore et le brome. Ces éléments se conduisent chimiquement de façon similaire et utilisent des récepteurs identiques dans notre corps. L’iode est l’élément le plus lourd parmi les halogènes, ce qui signifie qu’il possède la masse atomique la plus élevée. Dans un ratio 1:1, les éléments les plus légers prennent la place des plus lourds, c’est ainsi que le fluor, le chlore et le brome, plus légers, saturent les récepteurs destinés à l’iode.

Sans une certaine quantité d’iode, les seins et les ovaires semblent encombrés et se gonfler**, les membranes cellulaires ne fonctionnent plus, les fluides toxiques stagnent et causent des gonflements et de l’inflammation***. Du liquide se rassemble en kystes. Du tissu fibreux mal en point se développe, des nodules peuvent commencer à apparaître.

Le docteur Guy Abraham* a signalé que le terme « désobstruant » (qui chasse les toxines) était utilisé dans les années 1800 par les médecins qui s’étaient rendu compte que l’iode combattait les infections, les gonflements, les problèmes de peau et les problèmes endocriniens. Les chercheurs ont également montré que l’hypothyroïdie est davantage présente chez les femmes ayant contracté le cancer du sein et que les animaux carencés en iode développent le cancer du sein.

Effet Wolff-Chaikoff

Qu’est-ce que les seins, les ovaires et la thyroïde ont en commun ? Ces trois organes dépendent de l’iode pour se développer et rester en bonne santé. Les chercheurs américains sur le sujet de l’iode ont montré que les seins ont besoin d’au moins 5mg d’iode par jour, la thyroïde approximativement 6mg et que les ovaires contiennent la deuxième plus grande concentration d’iode dans l’organisme. Ces quantités sont à mettre en rapport avec les recommandations en France : 150 microgrammes par jour, soit 1000 fois moins que ce que les chercheurs américains recommandent. Pourquoi un tel écart ?

Cette situation provient essentiellement des conclusions réalisées en 1948 par deux médecins, Jan Wolff et Israel Chaikoff. Celles-ci ont été présentées dans un article influent, à l’origine de cet effet Wolff-Chaikoff, et ont persuadé les médecins que l’iode était dangereux et empêchait la thyroïde de fonctionner. 

Le docteur Guy Abraham a plus tard détecté une conclusion erronée : il a remarqué que les auteurs avaient fait une erreur en prétendant que l’iode causait un goître chez les rats à vingt fois la dose journalière recommandée. En fait, ils n’avaient même pas pris la peine de mesurer le taux d’hormones thyroïdiennes des rats et ne rapportaient aucune preuve que les rats avaient une thyroïde enflammée ou une maladie de la thyroïde. 

Personne n’a vérifié les données de cette étude, elle n’a pas été répliquée et l’avertissement qu’elle contient d’éviter de prendre l’iode a été incorporé à la pratique médicale (NdA : et dans les manuels de formation). Ces conclusions font encore aujourd’hui autorité.

Réfléchissons…

Certains rapports publiés dans la littérature indiquent que la supplémentation en iode peut être associée à une augmentation de l’incidence du cancer papillaire de la thyroïde. Si l’utilisation de l’iode était la cause du cancer de la thyroïde, la baisse des niveaux d’iode devrait entraîner une baisse des niveaux de cancers de la thyroïde. Or, ce n’est pas le cas : au cours des dernières, décennies, lorsque les niveaux d’iode ont diminué, l’incidence du cancer a nettement augmenté (voir l’article 1/3).

Ainsi, la carence en iode serait-elle un facteur à l’origine de l’augmentation du nombre de cancers de la thyroïde ?

Sources

*Docteur Guy Abraham M.D, est un ancien professeur d’obstétrique, de gynécologie et d’endocrinologie à la faculté de médecine de l’UCLA (Californie – USA). Il a été honoré en 1974 du Prix du diagnostic général de l’Association canadienne des chimistes cliniciens, en 1976 de la médaille d’Honneur de l’Université de Liège et en 1980 du Prix du chercheur principal de Pharmacie en Suède.

**Smyth, P.P.A « Thyroid disease and breast cancer » J. Endoc. Invest. 1993.

***Chandrakant, C « Breast cancer relationship to thyroid supplements for hypothyroidism », JAMA, 1976.

  • Lynne Farrow, « La crise de l’iode », 2017

  • David Brownstein « Overcoming thyroid disorders », 2002

  • David Brownstein « Iodine: Why you need it, why you can’t live without it », 2009

  • Guy Abraham : sur l’effet Wolff-Chaikoff / sur la supplémentation en iode

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